Page:Voragine - Légende dorée.djvu/330

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À ses cris, toute la ville accourut et notamment Valérien, qui lui demanda ce qui lui était arrivé. Et lui : « J’ai vu des dieux de feu, et je n’ai pu supporter leur vue ! » Conduit au temple de Jupiter, il promit, si ses yeux se rouvraient, d’offrir un taureau avec des cornes dorées. Puis, comme cette promesse restait sans effet, il implora son fils de lui rendre la vue, et, sur la prière de l’enfant, ses yeux se rouvrirent.

Mais comme ce miracle même ne parvenait pas à le convaincre, et qu’il songeait au contraire à tuer son fils, un ange apparut à Modeste, professeur de l’enfant, et lui ordonna de faire monter celui-ci dans une barque pour le conduire vers une autre terre. En mer, un aigle venait leur apporter leur nourriture ; et nombreux furent les miracles qu’ils accomplirent, dans les diverses régions où ils abordèrent.

Or le fils de l’empereur Dioclétien fut possédé d’un démon qui déclara qu’il ne sortirait point si l’on ne faisait venir Vit le Lucanien. On se mit donc à chercher Vit ; et, quand il fut découvert, Dioclétien lui dit : « Enfant, as-tu vraiment le pouvoir de guérir mon enfant ? » Et Vit : « Je n’ai pas ce pouvoir, mais mon Maître l’a ! » Et il imposa les mains sur l’enfant possédé, et aussitôt le démon s’enfuit. Alors Dioclétien lui dit : « Enfant, aie pitié de toi-même et sacrifie aux dieux, pour échapper à une mort terrible ! » Vit, s’y étant refusé, fut jeté en prison avec Modeste. Mais soudain leurs chaînes tombèrent, et leur cachot s’emplit d’une lumière éblouissante. Ce qu’apprenant, l’empereur les fit plonger dans de la poix bouillante : mais ils en sortirent sans avoir aucun mal. Puis un lion farouche fut lâché sur eux ; mais la bête, vaincue par la vertu de leur foi, s’étendit à leurs pieds. Enfin Dioclétien fit suspendre l’enfant à un chevalet, ainsi que son professeur Modeste et sa nourrice Crescence, qui toujours l’avait accompagné. Mais aussitôt l’air se trouble, la terre tremble, le tonnerre mugit, les temples des idoles s’écroulent, écrasant nombre de païens. Et l’empereur, fuyant épouvanté, se frappait de ses poings, et disait : « Malheur à moi, qu’un