Page:Voragine - Légende dorée.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
299
sainte marine

de parler, mais que l’Esprit-Saint avait parlé par sa bouche quand il avait dit au préfet : « Je suis chrétien. » Le préfet lui avait alors demandé qui l’avait instruit ; et l’enfant avait répondu : « Je m’étonne de ta sottise, et de ce que, voyant mon âge, tu me demandes qui m’a instruit de la science divine ! » Et, pendant son martyre il aurait continué à répéter : « Je suis chrétien ! » et, chaque fois, ce cri lui aurait rendu de nouvelles forces.

Le préfet, pour les empêcher d’être ensevelis par les chrétiens, fit découper les membres de l’enfant et ceux de la mère, et ordonna qu’ils fussent dispersés au vent. Mais un ange rassembla les membres épars, que les chrétiens ensevelirent nuitamment. Et lorsque, sous le règne de Constantin le Grand, la paix fut enfin restituée à l’Église, une vieille servante, qui avait assisté à l’ensevelissement, révéla le lieu où se trouvaient les deux corps : et ceux-ci, depuis, sont pour toute la ville un objet de grande de dévotion. Le martyre de la mère et de l’enfant eut lieu vers l’an 230, sous le règne de l’empereur Alexandre.




LXXXIV


SAINTE MARINE, VIERGE
(18 juin)


Marine était fille unique. Son père, devenu veuf, entra dans un monastère ; et, ayant fit prendre à sa fille un costume masculin, il demanda à l’abbé et aux autres moines de recevoir dans le monastère son unique fils : ce qui lui fut accordé, de telle sorte que la jeune fille fut reçue parmi les moines, et porta le nom de frère Marin. Elle vivait très pieusement, et dans une obéissance parfaite. Quand elle eut vingt-sept ans, son père, sentant la mort approcher, l’appela à son chevet et lui dit de ne jamais révéler à personne qu’elle était une femme.