Page:Voragine - Légende dorée.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
322
la légende dorée

si bien que les Grecs, épouvantés, jetèrent les corps des apôtres dans un puits voisin des catacombes, d’où les fidèles parvinrent plus tard à les retirer. Et comme on hésitait pour savoir lesquels des os appartenaient à saint Pierre et lesquels à saint Paul, on pria et jeûna et une voix du ciel répondit : « Les os les plus grands sont ceux du prédicateur, les plus petits ceux du pêcheur. » Et les os des deux saints se séparèrent spontanément et ceux de chacun des deux saints furent rapportés dans l’église qui leur était consacrée. Cependant d’autres auteurs prétendent que le pape Sylvestre fit peser dans une balance les os les plus grands et les plus petits, en proportion égale, et donner à chaque église la moitié exacte des deux corps.

VI. Saint Grégoire raconte, dans son Dialogue, que, près de l’église où repose le corps de saint Pierre, vivait un saint homme nommé Agontius. Or, une jeune fille paralytique passait toutes ses journées dans cette église : elle rampait sur les mains, car ses reins et ses pieds étaient paralysés. Et comme depuis longtemps elle implorait saint Pierre de lui rendre la santé, le saint lui apparut et lui dit : « Va trouver Agontius, qui demeure près d’ici ; il te guérira ! » Aussitôt la jeune fille se mit à se traîner à travers les bâtiments de l’église, dans l’espoir de découvrir où était cet Agontius. Mais voici que ce dernier vint au-devant d’elle ; et elle lui dit : « Notre pasteur et père nourricier saint Pierre m’envoie vers toi pour que tu me guérisses de mon infirmité ! » Et Agontius : « Si vraiment c’est lui qui t’envoie, lève-toi et marche ! » Après quoi il lui tendit la main pour l’aider à se lever, et aussitôt elle fut guérie, sans garder la moindre trace de sa paralysie.

Grégoire rapporte aussi, dans le même livre, l’histoire d’une jeune romaine nommée Galla, fille du consul et patricien Symmaque, qui devint veuve après un an de mariage. Mais tandis que son âge et sa fortune l’engageaient à se remarier, elle préféra s’unir, en noces spirituelles, à Dieu. Et comme son corps était dévoré d’un feu intérieur, les médecins dirent que, si elle se refusait