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la légende dorée

tresse, dédaigne de sacrifier à nos dieux et se proclame chrétienne ! » Le père voulut, par des caresses, ramener sa fille au culte des dieux. Mais elle : « Ce n’est pas à des dieux mortels, mais au Dieu céleste que j’offre mon sacrifice ! » Et son père : « Ma fille, si tu n’offres de sacrifice qu’à un seul Dieu, les autres dieux en seront fâchés ! » Et elle : « Tu as raison sans t’en douter ; car le fait est que j’offre mon sacrifice au Père, au Fils et au Saint-Esprit. » Et le père : « Si tu adores trois dieux, pourquoi refuses-tu d’adorer les autres ? » Mais elle : « Ces trois dieux n’en forment qu’un seul ! »

Christine brisa ensuite les idoles de son père et distribua aux pauvres l’or et l’argent dont elles étaient faites. Son père, furieux de sa désobéissance, la fit dévêtir, et ordonna à douze de ses serviteurs de la frapper, ce qu’ils firent jusqu’à ce que les forces leur manquèrent. Alors Christine dit à son père : « Homme sans honneur, sans pudeur et détesté de Dieu, vois : les bourreaux n’ont plus la force de me frapper ! que ne demandes-tu à tes dieux de leur rendre des forces ? » Le père la fit charger de chaînes et jeter en prison.

Ce qu’apprenant, sa mère déchira ses vêtements, et, s’étant rendue auprès d’elle, se jeta à ses pieds et lui dit : « Ma chère fille, lumière de mes yeux, aie pitié de moi ! » Mais elle : « Je ne suis plus ta fille, mais bien celle du Dieu dont je porte le nom ! » Enfin la mère, ne parvenant pas à la persuader, revint vers son mari et lui répéta ses réponses. Alors le père fit comparaître Christine devant lui et lui dit : « Si tu ne veux pas sacrifier aux dieux, c’est toi-même qui sera sacrifiée et tu cesseras d’être ma fille ! » Mais elle : « Je te remercie du moins de ce que tu ne m’appelles plus la fille du diable que tu es ; car ce qui naît d’un diable ne peut être que diabolique ! » Alors il ordonna qu’on lui déchirât les chairs et qu’on rompît ses membres. Mais Christine, prenant des morceaux de sa chair, les lui jetait au visage, et lui disait : « Prends cela, tyran et mange cette chair que tu as engendrée. » Son père la fit ensuite attacher à une roue et fit allumer sous elle un bûcher où l’on jeta de