Page:Voragine - Légende dorée.djvu/388

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d’une reine qui s’appelait Louve, et qui méritait de porter ce nom. Les disciples déposèrent le corps sur une grande pierre, qui, à son contact, mollit comme de la cire et forma d’elle-même un sarcophage adapté au corps. Puis les disciples se rendirent auprès de la reine Louve et lui dirent : « Notre-Seigneur Jésus-Christ t’envoie le corps de son disciple, afin que tu reçoives mort celui que tu n’as pas voulu recevoir vivant ! » Ils lui racontèrent le miracle qui avait permis au bateau de naviguer sans gouvernail ; et ils la prièrent de désigner un lieu pour la sépulture du saint. Alors la méchante reine les envoya traîtreusement au roi d’Espagne, sous prétexte de lui demander son autorisation ; et le roi s’empara d’eux et les jeta en prison. Mais, la nuit, un ange leur ouvrit les portes de la prison et les remit en liberté. Le roi, dès qui l’apprit, envoya des soldats à leur poursuite ; mais, au moment où ces soldats allaient franchir un pont, le pont se rompit et tous furent noyés. À cette nouvelle, le roi eut peur pour lui-même, et se repentit. Il envoya d’autres hommes à la recherche des disciples de Jacques, mais, cette fois, avec mission de leur dire que, s’ils voulaient revenir, il n’aurait rien à leur refuser. Ils revinrent donc et convertirent toute la ville à la foi du Christ puis ils retournèrent auprès de Louve, pour lui faire part du consentement du roi. Et la reine, furieuse, leur répondit : « Allez prendre, dans la montagne, des bœufs que j’ai là, mettez-leur un joug, et emportez le corps de votre maître dans un lieu où vous puissiez lui élever un tombeau ! » La perfide créature savait, en effet, que ces prétendus bœufs étaient des taureaux indomptés ; et elle se disait que, si les disciples de Jacques leur mettaient le joug, les taureaux ne manqueraient point de les tuer et de jeter à terre le corps du saint. Mais il n’y a point de sagesse qui vaille contre Dieu. Les disciples, ne soupçonnant point la ruse, gravirent la montagne, où d’abord un dragon vomissait des flammes ; ils lui présentèrent une croix, et le dragon se rompit en deux. Il firent ensuite le signe de la croix, et les taureaux, devenus doux comme des agneaux, se laissèrent mettre le joug, et