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la légende dorée

faisait de fréquents pèlerinages à son tombeau, se laissa un jour tenter en chemin, et commit le péché de fornication. Alors le diable lui apparut, sous la forme de saint Jacques, et lui dit : « Je suis l’apôtre Jacques, à qui tu as l’habitude de venir faire visite. Mais, cette fois, tu peux te dispenser de poursuivre ton chemin, car ton péché ne te sera remis que si tu te coupes entièrement les parties génitales. Et tu serais plus heureux encore si tu avais le courage de te tuer, et de souffrir ainsi le martyre en mon nom ! » Donc, la nuit suivante, pendant que ses compagnons dormaient, le jeune homme se coupa les parties génitales, après quoi il se transperça le ventre d’un coup de couteau. Le lendemain matin, ses compagnons, épouvantés, s’enfuirent, de peur d’être soupçonnés d’homicide. Mais au moment où l’on préparait le cercueil du mort, celui-ci, à l’étonnement de tous, revint à la vie. Il raconta que, après sa mort, déjà les démons entraînaient son âme vers l’enfer lorsque le véritable saint Jacques accourut, au-devant d’eux et se mit à les gourmander. Le saint le conduisit ensuite dans une prairie où se tenait assise la sainte Vierge, conversant avec d’autres saints. Et dès que saint Jacques eut intercédé auprès d’elle en faveur du jeune homme, elle manda les démons et ordonna que le mort fût rendu à la vie. Seules, les cicatrices de l’opération qu’il s’était faite lui restèrent toujours.

Autre miracle, rapporté par le pape Calixte. Vers l’an du Seigneur 1100, un Français se rendait à Saint-Jacques-de-Compostelle avec sa femme et ses fils, en partie pour fuir la contagion qui désolait son pays, en partie pour voir le tombeau du saint. Dans la ville de Pampelune, sa femme mourut, et leur hôte le dépouilla de tout son argent, lui prenant même la jument sur le dos de laquelle il conduisait ses enfants. Alors le pauvre père prit deux de ses enfants sur ses épaules, et traîna les autres par la main. Un homme qui passait avec un âne eut pitié de lui et lui donna son âne, afin qu’il pût mettre ses enfants sur le dos de la bête. Arrivé à Saint-Jacques-de-Compostelle, le Français vit le saint qui lui