Page:Voragine - Légende dorée.djvu/404

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reçut le baptême du saint pape Lin ; ce qu’apprenant, son père s’efforça de le détourner de sa sainte résolution en lui décrivant les innombrables supplices infligés aux chrétiens.

Notons en passant que, quand l’histoire raconte que Nazaire fut baptisé par le pape Lin, cela ne veut pas dire que saint Lin fût pape au moment du baptême, mais seulement qu’il devait plus tard devenir pape. Car Nazaire, ainsi qu’on le verra ci-dessous, survécut de nombreuses années à son baptême, et son martyre eut lieu sous le règne de Néron, sous le règne duquel eut aussi lieu le martyre de saint Pierre. Or on sait que saint Lin fut pape après : la mort de saint Pierre.

Nazaire, sans se laisser émouvoir par les avertissements paternels, continuait à prêcher le Christ. Enfin ses parents, qui craignaient pour lui les persécutions, obtinrent de lui qu’il quittât Rome. Ils lui donnèrent sept mulets chargés de trésors ; et lui, parcourant les villes d’Italie, il distribuait tout aux pauvres. La dixième année de son départ de Rome, il vint à Plaisance, puis à Milan, où il apprit que les saints Gervais et Protais se trouvaient emprisonnés. Il s’empressa d’aller les voir, dans leur prison, pour les encourager dans la foi. Ce qu’apprenant, le préfet de la ville le fit venir devant lui. Et comme il persistait à confesser le Christ, il fut chassé de Milan après avoir été roué de coups. De nouveau il errait de ville en ville, lorsque sa mère, qui était morte, lui apparut et lui enjoignit de se rendre en Gaule. Pendant qu’il se trouvait dans une ville des Gaules nommée Genève, où il avait fait de nombreuses conversions, une dame noble lui amena son fils, un beau jeune homme appelé Celse, en le priant de le baptiser et de le prendre avec lui. Le préfet des Gaules, dès qu’il le sut, fit saisir Nazaire et Celse, leur fit lier les mains, et les fit enfermer en prison avec une chaîne au cou, se promettant de les torturer le jour suivant. Mais sa femme lui déclara que c’était chose injuste de vouloir venger des dieux tout-puissants en mettant à mort des hommes qui n’avaient fait aucun mal. Et le préfet, touché de ses paroles,