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la légende dorée

Après l’épître, il s’endormit sur son siège, et le Seigneur lui apparut, et lui dit : « Mon cher Front, si tu veux tenir la promesse que tu as faite jadis à mon hôtesse Marthe, lève-toi et suis-moi ! » Et aussitôt saint Front, conduit par le Christ, se vit transporté à Tarascon, où il assista aux obsèques de la sainte, et aida à placer son corps dans le sépulcre. Cependant, à Périgueux, le diacre qui allait lire l’Évangile réveilla l’évêque pour lui demander sa bénédiction. Et saint Front, soudain réveillé, répondit : « Mes frères, pourquoi m’avez-vous réveillé ? Notre-Seigneur Jésus m’avait conduit aux obsèques de son hôtesse sainte Marthe ; et, comme je me préparais à l’ensevelir, j’ai laissé dans la sacristie mon anneau et mes deux gants. Et vous m’avez réveillé si vite que je n’ai pas eu le temps de les reprendre. Hâtez-vous donc d’envoyer des messagers qui me les rapportent ! » Aussitôt des messagers partirent pour Tarascon. Ils trouvèrent dans la sacristie l’anneau et les gants de saint Front ; et ils laissèrent dans la sacristie l’un de ces gants, en témoignage du miracle.

III. De nombreux miracles se produisirent au tombeau de la sainte. Clovis, roi de France, qui avait reçu le baptême des mains de saint Rémi, fut guéri par sainte Marthe d’une grave maladie des reins. En souvenir de quoi, il dédia à l’église de la sainte la terre, les maisons et les châteaux qui se trouvaient dans un rayon de trois milles des deux côtés du Rhône. Et il affranchit ces lieux de toute servitude.

La vie de sainte Marthe a été écrite pour nous par sa servante Martille, qui se rendit plus tard en Esclavonie pour y prêcher l’Évangile, et qui y mourut, dix ans après la mort de sa maîtresse.