Page:Voragine - Légende dorée.djvu/455

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en le confiant de nouveau à la garde d’Hippolyte. Pendant ces trois jours, Laurent recueillit des pauvres, des boiteux, des aveuglés, et les amena à Valérien en présence de Décius, et il dit : « Voici des trésors éternels, qui jamais ne décroissent, mais croissent toujours ! Et quant au trésor de Philippe, les mains de ces malheureux l’ont porté au ciel. » Et Valérien : « Que signifie tout cela ? Hâte-toi de sacrifier ! » Et Laurent : « Qui doit-on adorer, la créature, ou le créateur ? » Décius, furieux, le fit frapper de pointes de fer, et ordonna qu’on usât sûr lui toutes les variétés de supplices. Et comme il l’engageait une dernière fois à sacrifier, pour éviter tant de souffrances, Laurent répondit : « Tu ne sais pas que tu m’offres là un festin que j’ai toujours souhaité ! » Alors, sur l’ordre de Décius, il fut dépouillé de ses vêtements, battu de verges, et on lui laboura les côtes avec un fer rouge. Et il dit : « Seigneur Jésus-Christ, aie pitié, de moi, ton serviteur, qui, interrogé, t’ai proclamé pour mon maître ! » Et Décius lui dit : « Je sais que, par ton art magique, tu te délivres de la souffrance, mais je parviendrai bien à te faire souffrir ! » Sur quoi il le fit frapper longtemps de courroies plombées. Et Laurent s’écria : « Seigneur Jésus-Christ, reçois mon âme ! » Mais une voix du haut du ciel répondit : « Bien d’autres combats encore te sont réservés ! » Décius, qui avait également entendu la voix, fut rempli de rage, et dit : « Romains, vous avez entendu comment les démons consolaient ce sacrilège, qui n’a de respect ni pour vos dieux, ni pour vos princes ! » Et, de nouveau, il fit flageller Laurent, qui, le sourire aux lèvres, rendait grâces à Dieu et priait pouf les assistants.

En ce moment, un soldat nommé Romain se convertit, et dit à Laurent : « Je vois devant toi un beau jeune homme qui essuie avec un linge le sang de tes membres. Je t’en supplie, au nom de Dieu, ne quitte pas la terre sans m’avoir baptisé ! » Et comme Décius avait ordonné à Valérien de faire reconduire Laurent en prison, sous la garde d’Hippolyte, Romain, apportant une cruche pleine d’eau, se jeta aux pieds du martyr et reçut de lui