Page:Voragine - Légende dorée.djvu/460

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Décius : « Es-tu donc devenu fou, pour ne pas rougir même de ta nudité ? Allons, sacrifie aux dieux, afin de ne pas périr comme ton Laurent ! » Et Hippolyte : « Puissé-je mériter de suivre l’exemple de ce Laurent que tu oses nommer de ta bouche impure ! » Sur quoi Décius le fit battre de verges et déchirer de lanières ferrées. Mais Hippolyte raillait tous les tourments, et ne cessait point de se proclamer chrétien. Décius lui fit rendre son ancien costume militaire, espérant l’engager par là à reprendre ses anciennes fonctions d’officier. Mais Hippolyte lui répondit qu’il était désormais soldât dans l’armée du Christ. Et Décius, exaspéré, le livra à son préfet Valérien, qu’il autorisa à s’approprier tous ses biens, et à lui infliger les pires supplices. Valérien apprit alors que tous les serviteurs d’Hippolyte étaient aussi chrétiens. Il les fit donc comparaître devant lui, et les somma de sacrifier aux idoles. Mais la nourrice d’Hippolyte, Concorde, lui répondit au nom de tous : « Nous aimons mieux mourir honnêtement avec notre maître que de vivre malhonnêtement ! » Et Valérien : « La race des esclaves ne peut être corrigée que par des supplices ! » Puis, en présence d’Hippolyte, il la fit frapper de verges plombées jusqu’à ce qu’elle mourût. Et Hippolyte : « Je te remercie, Seigneur, d’avoir bien voulu admettre ma nourrice parmi tes saints ! »

Valérien fit ensuite conduire Hippolyte et ses serviteurs en dehors de la Porté de Tibur. Et Hippolyte encourageant ses compagnons, leur disait : « Mes frères, soyez sans crainte, car nous allons être bientôt réunis devant Dieu ! » Valérien ordonna que tous les serviteurs eussent d’abord la tête tranchée en présence d’Hippolyte ; puis il fit attacher celui-ci par les pieds, au cou de chevaux indomptés, qui le traînèrent sur des chardons et des cailloux jusqu’à ce qu’il rendît l’âme. Il mourut en l’an du Seigneur 251.

Le prêtre Justin enleva les corps dès martyrs et les ensevelit à côté du corps de saint Laurent : mais il ne put retrouver le corps de sainte Concorde, qui avait été jeté à l’égout. Or, un soldat, nommé Porphyre, croyant