Page:Voragine - Légende dorée.djvu/490

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Au contraire, l’ex-roi Polème fut ordonné évêque, et, durant vingt ans, s’acquitta saintement des devoirs de l’épiscopat.

Sur le genre exact du martyre de saint Barthélémy les avis diffèrent : car saint Dorothée affirme expressément qu’il a été crucifié. Et il ajoute que son supplice eut lieu dans une ville d’Arménie nommée Albane, comme aussi qu’il fut crucifié la tête en bas. D’autre part, saint Théodore assure que l’apôtre a été écorché vif ; et il y a encore d’autres historiens qui prétendent qu’il a eu la tête tranchée. Mais, au fait, cette contradiction n’est qu’apparente : car rien n’empêche de penser que le saint ait été d’abord mis en croix, puis, pour plus de souffrances, écorché vif, et enfin décapité.

II. Le bienheureux Théodore, abbé et docteur, après avoir raconté le martyre de saint Barthélémy, dont il place la scène à Albane en Arménie, écrit ce qui suit : « La fureur de ses bourreaux était telle que la mort même ne l’apaisa point. Elle s’acharna contre son corps même, qui fut jeté à la mer avec ceux de quatre autres martyrs. Et les cinq corps vénérables, abandonnés au courant des flots, abordèrent dans une île voisine de la Sicile appelée Lipari, où ils furent recueillis par l’évèque d’Ostie, qui se trouvait là en ce moment. Mais quatre d’entre eux, laissant à Lipari les restes de Barthélémy, poursuivirent leurs routes vers d’autres régions. L’un d’eux, Papin, se rendit dans une ville de Sicile, appelée Milas ; un autre, Lucien, parvint à Messine ; les deux derniers furent envoyés par Dieu en Calabre, Grégoire dans la ville de Colone, Achace dans la ville de Chalé. Quant à Barthélémy, il fut reçu à grand renfort d’hymnes et de cierges, et un temple magnifique s’éleva en son honneur. Et le mont de Vulcain, qui lançait des flammes jusque sur les habitants de Lipari, s’éloigna soudain à sept stades de là, de telle sorte que, aujourd’hui encore, se dressant au bord de la mer, il apparaît comme la figuration d’un feu prenant la fuite. »

III. L’an du Seigneur 331, les Sarrasins, ayant envahi l’île de Lipari, brisèrent le tombeau de saint Barthélémy,