Page:Voragine - Légende dorée.djvu/511

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s’y laisser mourir de faim. Ce qu’apprenant, sa sœur Hérodiade supplia son mari, le tétrarque Hérode Antipas, de venir en aide à son frère. Ainsi fut fait ; mais comme, un jour, les deux Hérode dînaient ensemble, le tétrarque, échauffé par le vin, se mit à reprocher à Hérode Agrippa tous les bienfaits dont il l’avait comblé. Sur quoi Hérode Agrippa, irrité, s’enfuit a Rome, où il s’acquit tant de faveur auprès de Caligula, que celui-ci le nomma tétrarque de deux provinces, et lui promit de le nommer roi de Judée. À cette nouvelle, Hérodiade insista vivement auprès de son mari pour qu’il se rendît à Rome, et sollicitât pour lui-même le titre de roi. Et Hérode, d’abord, s’y refusait, préférant la tranquillité à un honneur périlleux ; mais enfin il se laissa convaincre, et se rendit à Rome. Aussitôt Agrippa écrivit à Caligula que son beau-frère s’était allié avec le roi des Parthes, et projetait de se soulever contre le joug romain : en preuve de quoi il ajoutait qu’Antipas, dans ses places fortes, avait assez d’armes pour équiper soixante-dix mille hommes : Caligula ; au reçu de cette lettre, demanda à Hérode si c’était vrai qu’il eût, dans ses places fortes, une telle quantité d’armes. Et Hérode, qui ne soupçonnait rien, avoua le fait : sur quoi Caligula, persuadé qu’Agrippa lui avait écrit la vérité, condamna le tétrarque à l’exil, en laissant à Hérodiade la permission de rentrer à Jérusalem. Mais Hérodiade se refusa à quitter son mari, disant que, comme elle avait partagé sa prospérité, elle voulait encore partager sa misère. Tous deux furent donc rélégués à Lyon, où ils finirent leur vie misérablement.

2o La combustion des os de saint Jean-Baptiste eut lieu le jour de la fête de sa décollation, comme si Dieu avait accordé au saint la faveur d’un second martyre. Les disciples de Jean avaient enseveli son corps à Sébaste, en Palestine, entre les corps des prophètes Élisée et Abdias. Et comme de nombreux miracles se produisaient en ce lieu, Julien l’Apostat fit d’abord disperser au vent les os du saint ; puis, les miracles ne cessant point, ils les fit brûler, réduire en poudre et disperser dans les champs’. Mais pendant qu’on les recueillait pour les brûler, des