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sur l’arbre qui, aussitôt, se déracina et tomba à terre, brisant l’autel. Sur quoi le préfet le fit décapiter à l’endroit même, et ordonna que son corps y fût laissé pour servir de pâture aux loups et aux chiens. Et, au moment où on allait le mettre à mort, son frère ; sortant de la foule, se proclama chrétien. Tous deux furent donc décapités ensemble, après s’être longuement embrassés. Et les chrétiens, ne connaissant pas le nom du second martyr, l’appelèrent Adauctus (ajouté), parce qu’il s’était ajouté à saint Félix pour recevoir la couronne du martyre. Les deux saints furent ensevelis dans la fosse qu’avait creusée l’arbre en se déracinant. Et quand les païens voulurent les déterrer, le diable les en empêcha en s’emparant d’eux. Leur martyre eut lieu l’an du Seigneur 287.




CXXVII


SAINT LOUP, ÉVÊQUE ET CONFESSEUR
(1er septembre)


Loup naquit à Orléans d’une famille royale. S’étant de bonne heure distingué par ses vertus, il fut élu archevêque de Sens. Il donnait aux pauvres tout ce qu’il avait ; et comme, un jour, il en avait invité un grand nombre à sa table, et que le vin manquait, il répondit au sommelier qui venait le lui annoncer : « Je crois bien que Dieu, qui nourrit les oiseaux, ne refusera pas de compléter notre charité ! » Et, en effet, un messager arriva au même instant, qui annonça que cent tonneaux de vin attendaient à la porte.

On reprochait beaucoup à l’évêque l’affection qu’il témoignait à une jeune religieuse, fille de son prédécesseur. Alors, en présence de ceux qui l’accusaient, il fît venir la jeune fille et l’embrassa, disant : « Les paroles des hommes ne sauraient nuire à celui que ne souille pas sa propre conscience ! »