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leur corps n’avait trace de brûlure. Les chrétiens emportèrent leurs corps, et, plus tard, construisirent un oratoire sur le lieu où ils les avaient ensevelis. Ce martyre s’accomplit le douzième jour d’octobre, en l’an du Seigneur 120, sous le règne d’Adrien.




CXXXVIII


SAINT MATTHIEU, APÔTRE
(21 septembre)


I. L’apôtre Matthieu, prêchant en Éthiopie, y trouva sur son chemin deux mages nommés Zaroës et Arphaxal qui, par leurs sortilèges, parvenaient à priver les hommes de l’usage de leur langue, ce qui leur avait donné une telle vanité qu’ils se faisaient adorer comme des dieux. Or Matthieu, étant arrivé dans la ville de Nadabar, et y ayant été accueilli par l’eunuque de la reine Candace, qu’avait baptisé l’apôtre Philippe, déroutait de telle sorte les artifices des deux mages que, tout ce que ceux-ci faisaient pour le mal des hommes, il le faisait servir à leur bien. On vint un jour lui dire que les mages s’avançaient, accompagnés de deux dragons qui, vomissant du feu par la bouche et les naseaux, semaient la mort sur leur passage. Aussitôt l’apôtre fit le signe de la croix et alla à leur rencontre. Et, dès que les dragons l’aperçurent, ils vinrent humblement s’étendre à ses pieds. Alors Matthieu dit aux mages : « Où donc est votre pouvoir ? Réveillez vos dragons, si vous le pouvez ! » Et quand la foule se fut rassemblée, il ordonna aux dragons de s’en aller, au nom de Jésus ; et ils s’éloignèrent sans faire aucun mal. Matthieu se mit alors à exposer au peuple la gloire du paradis terrestre, élevé tout près du ciel, plus haut que les plus hautes montagnes. Il dit que, dans ce jardin, n’existaient ni ronces ni épines, que les roses et les lys ne s’y fanaient jamais, que tout y gardait une éternelle jeunesse, que les orgues des anges