Page:Voragine - Légende dorée.djvu/623

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certain religieux, qui priait, la nuit, dans l’église de Sainte-Marie à Tripoli, vit apparaître un homme tout vêtu de blanc et rayonnant de lumière. Et cet homme, interrogé, dit qu’il était saint Luc, et qu’il venait d’Antioche, ou le Seigneur avait convoqué les milices du ciel, ainsi que les apôtres et les martyrs, pour venir en aide aux chrétiens assiégés. Et, en effet, ceux-ci, miraculeusement stimulés, mirent en déroute l’armée des Turcs.




CLV


LES ONZE MILLE VIERGES, MARTYRES
(21 octobre)


I. Il y avait en Bretagne un roi très chrétien, nommé Nothus ou Maurus, qui mit au monde une fille nommée Ursule. Et celle-ci était si bonne, si sage, et si belle, que sa renommée s’étendait partout. Or’le roi d’Angleterre, souverain très puissant et qui avait soumis à son empire de nombreuses nations, forma le projet de marier son fils unique avec cette princesse, dont tout le monde vantait l’esprit et le corps. Le jeune homme, de son côté, était très enflammé à l’idée de ce mariage. Une ambassade fut donc envoyée auprès du père d’Ursule ; et le roi d’Angleterre promit aux ambassadeurs de les récompenser s’ils ramenaient la jeune fille, mais, au contraire, les menaça de les châtier s’ils revenaient sans elle. Alors le père d’Ursule prit peur : car, d’une part, il redoutait la rancune d’un souverain plus puissant que lui, et, d’autre part, il ne pouvait admettre que sa fille devînt la femme d’un païen, ce à quoi Ursule, d’ailleurs, n’aurait jamais consenti. Alors celle-ci, inspirée d’en haut, fit proposer au jeune prince de lui envoyer dix vierges, et de donner pour compagnes mille vierges à chacune de ces dix-là ainsi qu’à elle-même : ajoutant qu’en compagnie de ces onze mille vierges elle demandait à rester pendant un