Page:Voragine - Légende dorée.djvu/630

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à Notre-Seigneur Jésus la lettre suivante : « Abgare, roi, fils d’Euchassie, au bon Jésus qui s’est montré dans le pays de Jérusalem, salut ! J’ai entendu parler de toi, des guérisons que tu fais sans drogues et sans herbes, et que tu rends la vue aux aveugles, la marche aux paralytiques, la pureté aux lépreux et la vie aux morts : et j’ai conclu de tout cela que, pour accomplir tant de merveilles, tu devais être ou bien Dieu lui-même descendu des cieux, ou bien le fils de Dieu. Je t’écris donc pour que tu daignes prendre la peine de venir jusque chez moi, pour me guérir d’une maladie qui me tourmente depuis longtemps. J’ai appris aussi que les Juifs murmuraient contre toi et voulaient te tendre des pièges. Viens chez moi, je t’en prie ! J’ai à moi une ville qui, en vérité, est petite, mais honnête, et qui nous suffira bien à tous deux ! » Et le Seigneur Jésus répondit en ces termes. : « Heureux es-tu, toi qui as cru en moi sans m’avoir vu ! car il est écrit de moi que ceux qui me verront ne croiront pas, et que ceux qui ne me verront pas croiront. Quant à ce que tu me demandes de venir auprès de toi, il faut d’abord que j’accomplisse ce pour quoi je suis envoyé et qu’ensuite je retourne auprès de Celui qui m’a envoyé. Mais, dès que je serai remonté au ciel, je t’enverrai un de mes disciples, pour te guérir et te donner la vraie vie ! » Alors Abgare, comprenant qu’il devait renoncer avoir le Christ en personne, chargea du moins un peintre d’aller faire son portrait. Mais lorsque ce peintre arriva devant le Christ, il trouva le visage de celui-ci rayonnant d’un tel éclat qu’il ne parvint pas à en discerner clairement les traits, ni, par suite, à les dessiner. Ce que voyant, le Seigneur appuya sa sainte face sur le manteau du peintre et y grava ainsi son image à l’intention du bon roi Abgare. Et Jean de Damas, qui nous raconte tout cela d’après une vieille chronique, nous décrit aussi ce portrait du Seigneur. Il nous affirme qu’on y voit l’image d’un homme avec de grands yeux, d’épais sourcils, un visage allongé, et des épaules un peu voûtées, ce qui est signe de maturité. Quant à la lettre du Christ, tel était son pouvoir que, dans la ville