Page:Voragine - Légende dorée.djvu/632

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prédirent une grande guerre, et une grande fuite de peuples après la bataille. Sur quoi les apôtres se mirent à rire. Et Baradac : « Comment ! Je tremble d’effroi, et vous riez ? » Et les apôtres : « Sois sans crainte, car la paix est entrée ici avec nous. Demain, à la troisième heure, des envoyés viendront te trouver ici de la part des Indiens, pour te demander la paix et se soumettre à ton pouvoir. » Alors ce fut au tour des prêtres de railler, et ils dirent à Baradac : « Ces gens-là veulent te tromper afin que, pendant que tu seras sans défiance, l’ennemi se jette sur toi ! » Et les apôtres : « Nous ne t’avons pas dit d’attendre un mois, mais seulement un jour ! Dès demain, tu auras la paix et la victoire ! » Alors Baradac les fit tenir sous bonne garde les uns et les autres. Le lendemain, tout arriva comme les apôtres l’avaient prédit ; et comme Baradac voulait châtier les devins de leur mensonge, les apôtres l’en empêchèrent, disant qu’ils n’étaient pas envoyés pour tuer les vivants, mais pour vivifier les morts. Baradac en fut très surpris, comme aussi de l’insistance qu’ils mettaient à refuser ses présents. Il les conduisit donc à son roi, et lui dit : « Sire, voici des dieux cachés sous la figure humaine ! » Mais les mages, jaloux des apôtres, les accusèrent d’être des méchants, qui méditaient la fin du royaume. Alors Baradac : « Si vous l’osez, discutez avec ces deux hommes ! » Et les mages : « Nous ne voulons pas discuter avec eux ; mais fais venir ici les hommes les plus éloquents de la ville ; et, s’ils peuvent parler, nous reconnaîtrons notre ignorance. » Et, en effet, amenés devant eux, les plus habiles avocats devinrent aussitôt muets et incapables même de s’exprimer par gestes. Et les mages dirent au roi : « Pour te prouver notre pouvoir, nous allons leur permettre de parler, mais nous leur défendrons de marcher ; puis nous leur permettrons de marcher, mais nous les empêcherons de voir, même avec les yeux ouverts. » Et tout cela arriva comme ils l’avaient dit. Alors Baradac mena les avocats en présence des apôtres. Et en voyant ceux-ci tout vêtus de haillons, les avocats les méprisèrent au fond de leur cœur. Mais Simon leur dit : « C’est chose fréquente que