Page:Voragine - Légende dorée.djvu/683

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et tué à sa place. Et lui-même, après cela, s’enfuit vers une autre région. Or, quand Faustinien revint auprès de ses fils, ceux-ci furent effrayés de voir un homme qui, avec la voix de leur père, avait le visage de Simon. Seul, saint Pierre voyait le visage de Faustinien tel qu’il était en réalité ; et il s’étonnait fort de l’effroi que le vieillard paraissait inspirer aux siens. Puis, lorsqu’il eût enfin compris ce qui s’était passé, il dit à Faustinien : « Naguère, pendant que j’étais à Antioche, Simon, par ses calomnies, a excité le peuple contre moi au point qu’on voulait me déchirer à coups de dents. Donc, puisque tu as maintenant le visage de Simon, va à Antioche, rétracte en présence du peuple tout ce que le vrai Simon a dit de moi ; et ensuite je viendrai moi-même à Antioche pour te rendre ton visage naturel ! »

Tout cela se trouve raconté dans l’Itinéraire de Clément ; mais ce livre est apocryphe et ne doit pas être cru à la lettre. Nous ne saurions croire, notamment, que saint Pierre ait pu ordonner à Faustinien de se faire passer pour Simon, car c’est là un mensonge que Dieu ne saurait approuver. Gardons-nous donc de prendre tout ce récit pour entièrement authentique !

Faustinien — toujours d’après notre livre — se rendit à Antioche, convoqua le peuple, et dit : « Moi, Simon, je proclame et avoue m’être trompé dans tout ce que je vous ai dit de Pierre, qui n’est ni un imposteur, ni un magicien, mais un apôtre envoyé pour le salut des hommes ! » Et, quand il eût excité dans le peuple l’amour de Pierre, celui-ci vint à son tour, et, ayant prié, effaça entièrement de son visage la ressemblance de Simon. Ce qu’apprenant, Simon lui-même accourut et dit au peuple : « Je m’étonne que, après la façon dont je vous ai engagés à vous défier des impostures de Pierre, vous ayez non seulement écouté cet homme, mais que vous lui ayez fait l’accueil le plus empressé ! » Sur qui la foule, se retournant contre lui avec colère, l’accabla de reproches, et le chassa honteusement de la ville. Voilà ce que nous raconte Clément lui-même, ou du moins l’auteur de l’ouvrage qui lui est attribué.