Page:Voragine - Légende dorée.djvu/710

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ginaire de la ville d’Élape, dans le pays des Perses. Né de parents chrétiens, et marié à une femme chrétienne, il vivait dans la familiarité du roi des Perses, qui finit même par le décider à sacrifier aux idoles. Ce qu’entendant, la mère et la femme de Jacques lui écrivirent aussitôt : « En obéissant à un mortel, tu as abandonné Celui de qui dépend la vie, tu as changé la vérité en mensonge ; en cédant à un mortel, tu as renié le juge des vivants et des morts. Sache donc que, désormais, nous te serons étrangères, et que jamais plus tu ne nous reverras ! » Et Jacques, ayant lu cette lettre, s’écria en pleurant : « Si ma mère et ma femme me sont devenues étrangères, combien plus étranger doit m’être devenu mon Dieu ! » Et comme il se repentait amèrement de sa-faute, on fit savoir au roi que Jacques était de nouveau chrétien. Alors le roi le fit comparaître et lui dit : « Réponds-moi, es-tu Nazaréen ? » Et Jacques : « Oui ! » Et lui : « Donc tu es mage ! » Et Jacques : « Dieu me préserve d’être mage ! » Et comme le roi le menaçait de nombreux supplices, Jacques répondit : « Tes menaces ne sauraient me troubler, car tes paroles me traversent plus vite les oreilles que le vent ne met de temps à passer sur un rocher ! » Et le roi : « Sois prudent, ne t’expose pas à une mort cruelle ! » Et Jacques : « Ce n’est point là une mort, mais plutôt un sommeil, d’où l’on ne tarde pas à se réveiller pour la résurrection ! » Et le roi : « Ne crois pas les Nazaréens qui prétendent que la mort n’est qu’un sommeil, car les plus grands empereurs la redoutent ! » Et Jacques : « Quant à nous, nous ne craignons point la mort, car elle n’est pour nous que l’entrée de la vie ! » Alors le roi, sur le conseil de ses amis, décida que, pour l’exemple, Jacques serait mutilé membre à membre. Et comme plusieurs témoins, émus de pitié, pleuraient sur le saint, celui-ci leur dit : « Ne pleurez pas sur moi, mais sur vous-mêmes, car moi, je vais à la vie, et vous, au supplice éternel ! »

Alors les bourreaux lui coupèrent le pouce de la main droite, et Jacques s’écria : « Seigneur Jésus, reçois ce rameau de l’arbre de la miséricorde ; car le vigneron