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LA LÉGENDE DORÉE

refusait de se convertir. Cet homme étant malade, son gendre, qui était chrétien, se rendit à l’église de saint Étienne, y prit des fleurs sur l’autel, et les posa en secret sous la tête de son beau-père. Et celui-ci, dès qu’au petit jour il se réveilla, envoya chercher l’évêque. L’évêque se trouvait absent, mais un prêtre vint chez Martial, et celui-ci demanda à être baptisé. Et, aussi longtemps qu’il vécut, il répéta ces mots : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! » sans se douter que c’étaient les dernières paroles du bienheureux Étienne.

III. Autre miracle rapporté par saint Augustin. Certaine matrone nommée Pétronie, qui souffrait depuis longtemps d’une grave maladie contre laquelle tous les remèdes avaient échoué, s’avisa de consulter un Juif, qui lui donna une bague ornée d’une pierre, lui disant de se l’appliquer à nu sur le corps. Et Pétronie suivit le conseil, mais n’en retira aucun bien. Elle se rendit alors à l’église du Premier Martyr, et demanda sa guérison à saint Étienne. Aussitôt la bague du Juif, qu’elle avait attachée par une corde passée autour de ses reins, tomba à terre, sans que ni la corde ni la bague fussent rompues. Et, depuis cet instant, la dame fut guérie.

IV. Autre miracle, non moins étonnant, rapporté par saint Augustin. À Césarée de Cappadoce vivait une dame noble qui était veuve, mais qui avait le bonheur d’avoir dix enfants, dont sept garçons et trois filles. Or, un jour, la mère, se jugeant offensée par ses enfants, les maudit ; et aussitôt, sous l’effet de la malédiction maternelle, les dix enfants furent frappés d’une même peine, la plus effroyable du monde. Ils se virent atteints d’un tremblement de tous les membres qui ne se relâchait ni le jour, ni la nuit. N’osant s’exposer à la vue de leurs concitoyens, ils quittèrent la ville et se dispersèrent à travers le monde, attirant partout sur eux l’attention générale. Deux d’entre eux, un frère et sa sœur, nommés Paul et Palladie, arrivèrent ainsi à Hippone, et racontèrent leur histoire à saint Augustin, qui était évêque de cette ville. On était alors quinze jours avant Pâques, et les deux infortunés se rendaient tous les matins à l’église de saint