désordre du sol, ces rochers seraient encore habitables, si l'Européen n'y avait pas apporté plus de maux que n'y en a mis la nature.
Au Port-Louis, ce 8 octobre 1768.
LETTRE IX.
DES ANIMAUX NATURELS A L'ILE-DE-FRANCE.
L'abbé de La Caille dit que les Portugais
ont apporté les singes à l'Ile-de-France. Je ne
suis pas de son avis; parce que, s'ils voulaient y
faire un établissement, cet animal est destructeur;
et s'ils voulaient le mettre dans l'île comme
un gibier ordinaire, ils ignoraient s'il y avait des
fruits qui pussent lui convenir; que d'ailleurs sa
chair est d'un goût rebutant, et que bien des
noirs même n'en veulent point manger. Cet animal
ne peut avoir été apporté des côtes voisines.
Celui de Madagascar, appelé maki, ne lui ressemble
point, non plus que le bavian du cap de
Bonne-Espérance.
Le singe de l'Ile-de-France est de taille médiocre; il est d'un poil gris roux, assez bien fourré; il porte une longue queue. Cet animal vit en société: j'en ai vu des troupes de plus de