Page:Voyage A L'Ile-De-France ; Tome Second.pdf/95

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LE VOYAGEUR.

Madame, je crois que les fleurs de votre parterre et les arbres de votre parc sont habités.

LA DAME.

Vous croyez aux Hamadryades? Vraiment votre système est renouvelé des Grecs. Je suis fâchée qu'on ait quitté leur philosophie; elle était plus touchante que la nôtre. J'aimerais à croire que mes lauriers sont autant de Daphnés.

LE VOYAGEUR.

Les anciens étaient peut-être aussi ignorans que nous; mais je ne suis ni de leur avis ni de celui des modernes.

LA DAME.

Quels sont donc les habitans de nos forêts?

LE VOYAGEUR.

Ceux qu'ils logeaient dans les plantes étaient presque tous des infortunés ou des étourdis. L'un avait été tué au palet, l'autre était mort à force de s'aimer lui-même. Ils n'étaient pas plus heureux dans leur nouvelle condition. Un paysan coupait bras et jambes aux sœurs de Phaéton, pour faire un mauvais fagot de peuplier. Mes habitans sont très-sages, très-ingénieux, et n'ont rien à risquer.

LA DAME.

Je vous vois venir. Voilà une idée prise de vos arbres de mer. Mais, monsieur, je vous avertis