Page:Voyages dans les Alpes Tome 1 Horace-Bénédict de Saussure.djvu/9

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lions de Guerriers, combien l’ambition ne lui paroit-elle pas puérile. C’est-là, qu’il faudroit bâtir le Temple de la Sagesse, pour dire avec le Chantre de la Nature,

Suave mari magno, &c.

Les cimes accessibles des Alpes présentent des aspects qui ne sont peut-être pas aussi étendus & aussi brillans, mais qui sont encore plus instructifs pour le Géologue. C’est de là qu’il voit à découvert ces hautes & antiques montagnes, les premiers & les plus solides ossemens de ce Globe, qui ont mérité le nom de primitives, parce que dédaignant tout appui & tout mêlange étranger, elles ne reposent jamais que sur des bases semblables à elles, & ne renferment dans leur sein que des corps de la même nature. Il étudie leur structure ; il démêle au milieu des ravages du tems les indices de leur forme premiere ; il observe la liaison de ces anciennes montagnes avec celles d’une formation postérieure ; il voit les nouvelles reposer sur les primitives, il distingue leurs couches très-inclinées dans le voisinage de ces primitives, mais de plus en plus horizontales à mesure qu’elles s’en éloignent ; il observe les gradations que la Nature a suivies en passant de la formation des unes à celle des autres ; & la connoissance de ces gradations le conduit à soulever un coin du voile qui couvre le mystere de leur origine.

Le Physicien, comme le Géologue, trouve sur les hautes