Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/17

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Il lui prêta en tout 3.880 francs, sans préjudice des 140.000 francs qu’en huit ans il lui donna pour le « vieux monsieur » en échange de 27.000 documents autographes — fabriqués de toutes pièces !

Vrain Lucas arrêté en septembre 1869 — sur la plainte de Michel Chasles et non pour avoir fait des faux, mais dans la crainte où était l’académicien qu’il ne vendit à l’étranger le reste de la collection Boisjourdain, privant la France d’un incomparable trésor littéraire — Vrain Lucas passa en correctionnelle le 17 février 1870.

Il arriva à l’audience, accablé par un rapport terrible des deux experts commis par le tribunal à l’examen de la collection Chasles, MM. Henri Bordier et Émile Mabille. Ce rapport relatant tout au long les faits que nous venons d’exposer dévoilait sa façon de procéder habituelle et expliquait comment, dénué de toutes connaissances scientifiques, grâce à l’inconsciente complicité de M. Chasles qui lui faisait part de ses tourments au jour le jour, il avait pu faire « marcher » pendant deux ans les académies du monde entier.

Interpellé à l’audience sur les conclusions de ce rapport, l’inculpé répondit « avec un certain air de satisfaction » que les experts avaient assez bien apprécié son travail, et il donna aimablement quelques détails complémentaires. L’histoire ne dit pas quel visage il fit pendant l’émouvante déposition de M. Chasles, sa victime, mais à lire les comptes-rendus du procès, il ne semble pas s’être autrement ému.

C’est qu’à l’excuse de son escroquerie, il avait un argu-