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concédé et non confirmé à cette époque, il n’aurait pas été âgé de moins de quatre siècles lors de l’apparition du Contrat social. D’autre part, il est évident que Rousseau a eu connaissance de la charte de 1387, car il en cite lui-même divers paragraphes dans plusieurs de ses Lettres écrites de la montagne. C’est encore là un point parfaitement établi par M. Vuy.

Il est assez piquant de songer qu’en 1387, il y avait quelque part sous le soleil un évêque assez libéral pour confirmer ou concéder par acte solennel des libertés que les évêques d’aujourd’hui combattent par tous les moyens en leur pouvoir, et que le Pape anathématise avec la plus grande vigueur.[1]

  1. Sans aborder les questions confessionnelles, auxquelles ce volume est absolument étranger, nous reproduisons ici un passage de la lettre encyclique de Léon XIII, sur la Constitution chrétienne : « Le droit de commandement n’est… en lui-même nécessairement lié à aucune forme politique — Le commandement doit être juste et moins sentir le maître que le père, parce que la puissance de Dieu sur les hommes est souverainement juste et intimement unie à sa paternelle bonté. Il doit d’ailleurs être exercé pour l’avantage des citoyens, parce que ceux qui commandent aux autres ne sont investis du pouvoir que pour procurer le bien public. Jamais, sous aucun prétexte, le pouvoir politique ne doit favoriser exclusivement les intérêts d’un seul ou de quelques-uns, puisqu’il a été établi pour le bien général de tous. ».