Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/126

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actes, de mon travail, de mon art, de mes décisions ? Ne te refuse point à le reconnaître : car c’est la vérité ! — Aucun « cygne » ne m’aidera, si toi tu ne m’aides pas ; rien n’a de sens, de signification importante que par toi ! Oh ! crois-le, crois-le donc ! Ainsi, quand je te dis « aide-moi en ceci, aide-moi en cela, » je veux dire seulement « sois persuadée que je ne puis rien sans toi, que je ne puis quelque chose que par toi ! » Voilà tout le mystère…. Il ne m’a jamais dévoilé ses profondeurs aussi clairement qu’aujourd’hui. Depuis la mort de ton enfant, mon travail allait lamentablement. Je voyais avec certitude, que mon art ne me console pas, qu’il n’est que l’expression de l’état d’âme du solitaire, quand il se sent uni à toi, et n’a pas à s’attrister pour toi. Ah ! c’est pour cela qu’il marche si difficilement depuis longtemps, mon travail : il me semble un jeu futile, mon véritable moi n’y intervient pas sérieusement, à proprement parler ; il n’y est jamais intervenu, mais il est resté toujours au dehors, là-au-dessus, dans l’atmosphère de mes aspirations ferventes, dans ce qui seul maintenant me rend capable encore de vivre et de me vouer à mon art ! — Crois-moi donc ! Crois-moi ! C’est toi seule qui représentes pour moi le sérieux de la vie !… Cette nuit, quand je retirai ma main de la balustrade du balcon, ce n’était pas la pensée de mon art qui me retint ! Dans cet instant ter-

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