Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/132

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phiques qui m’obsèdent. En ces derniers temps, j’ai relu lentement le chef-d’œuvre de mon ami Schopenhauer et, cette fois, il m’a conduit plus près encore que d’ordinaire à l’élargissement, même, dans certains points, à la correction de son système.[1] Le sujet présente une grande importance, et il devait être réservé peut-être à ma nature toute spéciale, précisément durant cette période toute spéciale de ma vie, de découvrir des horizons, qui devaient rester fermés à d’autres. Il s’agit d’indiquer nettement la voie vers l’apaisement absolu de la volonté par l’amour, et non point par une philanthropie abstraite, par le véritable amour, par l’amour ayant son origine dans l’amour sexuel, c’est-à-dire dans l’inclination de l’homme vers la femme et réciproquement, voie qui n’a été reconnue par aucun philosophe, non plus par Schopenhauer. Tout dépend de ma décision de mettre à profit ou non l’arsenal des conceptions que me fournit Schopenhauer lui-même (ceci au point de vue de la philosophie, car, en qualité d’artiste, je possède mes ressources propres). L’explication conduit loin et profondément ; elle implique une exacte description de l’état dans lequel nous devenons capables de reconnaître les idées, comme par exemple, de la génialité en soi, que je ne considère plus comme l’état de séparation de l’in-

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 197 ; Bayreuther Blätter 1886, p. 101.
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