Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un esprit toujours en éveil, l’époque des Schiller et des Gœthe ! Vrai, la « Providence » ne pouvait mieux régler les choses ; et ce ne fut point la faute de celle-ci, nous nous plaisons à le croire, s’il devint homme politique et diplomate. — Mais d’autant plus touchants sont, vraiment, chez lui, son amour et sa douce mort. Avant tout, je lui dois un calme profond et inaltérable, grâce à une courte sentence, peu importante, en somme, que mon amie, cependant, me communiqua avec un accent si merveilleusement beau d’innocente sincérité, que ces quelques lignes me firent grande impression. Elles m’indiquaient, en effet, la voie unique vers l’espoir. C’est le passage de « la Confiance » et des « Confidences ».

Depuis hier je me suis remis à travailler à Tristan. J’en suis toujours au deuxième acte. Mais — quelle musique cela devient ! Toute ma vie je pourrais ne plus travailler qu’à cette musique. Oh ! cela devient profond et beau ; et les merveilles les plus sublimes font corps si facilement avec l’idée. Jamais, jusqu’à présent, je n’ai rien fait de tel : mais je vis, aussi, complètement dans cette musique ; je ne veux pas savoir, absolument pas, quand elle sera terminée. Je vis éternellement en elle. Et avec moi —.

22 Décembre.

Voici une belle matinée, chère enfant !

Depuis trois jours, je n’ai dans l’âme que

— 115 —