Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/140

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Plus aucun désir, plus aucun souhait ! Félicité absolue, conscience suprême, pouvoir d’atteindre tous les buts, de lutter contre toutes les tourmentes de la vie ! — Non, non ! ne les regrette pas, ne les regrette jamais !

8 Janvier.

Ô jour ! Dieu de tous les bons génies !
        Sois le bienvenu !
Le bienvenu après la longue nuit ! —
Ne m’apportes-tu aucun message d’elle ? —


Lucerne, 4 Avril.

Le rêve de se revoir a été réalisé ! Donc nous nous sommes revus. Était-ce vraiment autre chose qu’un rêve ? Ce que j’ai éprouvé pendant ces heures dans ta maison, en quoi cela diffère-t-il de cet autre rêve délicieux, qui me hantait, de mon retour ? Il m’est pour ainsi dire plus réel que l’autre, ce rêve mélancolique et grave, que ma mémoire veut à peine évoquer. Il me semble que je ne t’ai point du tout vue clairement ; des brumes épaisses nous séparaient, à travers lesquelles nous entendions à peine le son de nos voix. De même, il me semble que tu ne m’as pas vu, qu’un fantôme est entré à ma place dans ta demeure. M’as-tu reconnu ? — Ô ciel ! je m’en rends compte : ceci est la voie vers la sainteté ! La vie, la réalité assument de plus en plus la forme du rêve ; les

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