Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/148

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C’était des plus comiques, des plus plaisants, mais je ne veux plus lui occasionner cette peine, il vaudra mieux que nous causions ensemble de Venise, sur le canapé, dans son salon rouge aux beaux antiques. Remettez-lui mille compliments de ma part !

Je n’ai pas encore réellement de vie ici, à proprement parler ; je n’en aurai, que quand mon travail sera commencé : j’attends toujours le piano ! Contentez-vous donc de la description du coin de terre, où j’ai dû me décider à vivre. Ne m’avez-vous pas écrit que vous le connaissiez ? Mon palais est situé à mi-chemin environ de la Piazzetta et du Rialto, près du coude, que fait à cet endroit le Grand Canal, et qui est le plus nettement marqué par le palais Foscari (actuellement une caserne), à peu près en face du palais Grassi, que Monsieur Sina fait restaurer en ce moment. Mon hôte est autrichien ; il m’accueillit avec enthousiasme, sans doute à cause de ma célébrité, et se montre extraordinairement obligeant en toutes circonstances. (Il est cause également de ce que mon arrivée ici a été immédiatement divulguée par les journaux.) Vous avez lu, sans doute, que ma présence à Venise était considérée comme un acte de politique, en vue de me faufiler prudemment en Allemagne par les pays autrichiens. Même l’ami Liszt l’avait cru ;[1] il me

  1. Correspondance Wagner-Liszt, II, 207/8.
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