Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/150

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meublé ; la chambre à coucher seule est verte. Un immense corridor me procure l’espace pour faire ma promenade du matin ; d’un côté il donne sur le Grand Canal par un balcon, de l’autre sur la cour, où est un petit jardin bien pavé. C’est donc là que je passe mon temps jusque vers cinq heures du soir ; je me prépare moi-même mon thé, le matin : j’ai deux tasses, dont j’ai acheté l’une ici, et dans laquelle je donne à boire à Ritter, quand je l’amène le soir ; dans l’autre, qui est très grande et très belle, je bois moi-même. Je possède encore un service pour boire de l’eau, que je ne me suis pas procuré ici : il est blanc, avec des étoiles d’or ; je n’ai pas encore compté les étoiles, vraisemblablement il y en aura bien plus de sept ![1]

À cinq heures je fais appeler le gondolier, car quiconque veut venir me voir, doit passer par l’eau (ce qui aussi me procure une agréable solitude). Par les étroites ruelles, à droite et à gauche, mais (vous savez !) sempre dritto, je vais au restaurant, place St Marc, où je retrouve ordinairement Ritter. Delà, sempre dritto, en gondole, vers le Lido ou le Giardino publico, où, d’habitude je fais ma petite promenade ; puis je retourne en gondole à la Piazzetta, pour y flâner encore un peu, y prendre ma glace au café de la Rotonde, et me rendre en-

  1. Allusion aux Pléiades (voir plus haut : Journal, 29 Sept).
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