Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

assez bien plu l’hiver dernier. Je passerai l’hiver prochain à Paris, vraisemblablement — les apparences sont telles, du moins, sinon mes désirs ; je dois, bien au contraire, faire un effort considérable sur moi-même. —

Je remercie Wesendonk pour sa proposition. Ne faites pas trop attention, vous et lui, à ma correspondance avec Moscou. Il est dans ma destinée de devoir prendre ces arrangements, puis l’assistance insuffisante me fait moins souffrir que la voie pour y arriver, laquelle cependant personne ne peut m’épargner. Il est vrai que, un jour, la postérité sera étonnée de voir, que moi précisément, j’ai été forcé de traiter mes œuvres comme une marchandise : dès que le monde joue le rôle de postérité, il revient toujours quelque peu à l’intelligence, et il oublie, alors, par une puérile illusion, qu’il est toujours le monde contemporain, en laquelle qualité il reste toujours insensible et stupide. Mais c’est bien ainsi : impossible d’y rien changer. D’ailleurs vous me dites la même chose en parlant des hommes. Et à moi-même il y a peu à changer aussi : je garde mes petites faiblesses, aime à m’installer confortablement, ai du goût pour les tapis et un beau mobilier, m’habille volontiers de soie et de velours chez moi et pour le travail, et — dois pour cela aussi tenir mes correspondances ! —

Mais qu’importe, pourvu que Tristan soit

— 148 —