Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/190

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périence, m’était nouvelle par sa vérité surprenante, et ressortait enfin victorieusement à travers toutes souffrances : c’est parce qu’il n’y a point de séparation pour nous, que nous pouvions fêter ce revoir ! Aussi étais-je presque interdit de n’éprouver aucune surprise. C’était comme si nous nous étions vus il y a une heure !

C’est un sol merveilleux, où doit encore pousser quelque chose de magnifique. Oui, je le pressens : — nous pouvons apporter beaucoup de bonheur encore ! Ce noble et divin sentiment fera de plus en plus revivre l’amie, la fortifiera, lui donnera l’inébranlable sérénité, qui nous réserve une jeunesse éternelle. — Qu’elle jouisse du repos ; moi aussi je jouis du repos, comme quelqu’un guéri de la mort !

Le 3e acte est commencé. Je me rends clairement compte, que je n’inventerai plus rien de nouveau : cette période de suprême floraison a soulevé en moi une telle quantité de germes, que je n’ai plus qu’à puiser dans ma provision afin d’élever très aisément la fleur. Aussi me semble-t-il que cet acte, apparemment le plus douloureux, ne m’ébranlera pas autant qu’on pourrait le croire. Le 2e m’a ébranlé encore profondément. Le plus intense feu de vie y jaillit, avec une telle flamme, qu’elle me brûlait, me consumait presque. Quand le feu s’adoucit vers la fin de l’acte,

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