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pour le monde, tandis que la réaction germano-autrichienne est un mal chronique, au contraire, et durable ! Plus encore ! Dernièrement j’avais envie d’écrire pour un journal un « Aperçu non-politique » sur l’Italie, laquelle est jugée par nos politiciens avec une stupidité qui touche à l’insolence. Dès que le temps s’améliora cependant, ces sortes d’envies me quittèrent. Je voudrais être de nouveau plongé dans mon travail : mais je crains que le travail « jusqu’au cou » ne revienne plus jamais ; ce sont des souvenirs de jeunesse !

Si d’ailleurs vous me laissez encore longtemps en plan, j’appellerai Kirchner ![1]

C’était une excellente idée de vous de m’envoyer encore la Correspondance de Schiller.[2] La conversation avec ces hommes-là, c’est ce qui m’est le plus cher ; je la préfère même à la politique. Je lis avec intérêt jusqu’aux moindres billets ; ce sont même eux qui me font le mieux vivre avec l’auteur aimé. Et c’est là ce qui importe : on veut connaître dans l’intimité de telles gens. —

Je n’ai rien de nouveau à vous communiquer : aucune lettre de nulle part ne m’est arrivée, jusqu’à présent, cette semaine.

Adieu ! Mai me viendra en aide, et à vous apportera le réconfort.

VotreR. W.
  1. Directeur de musique à Winterthur.
  2. Lettres de Schiller à Lotte. Stuttgart, Cotta 1856.
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