Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/217

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Venise. Cela finit même par me devenir absolument indifférent que Siegfried se perde. Que puis-je faire, sinon m’inquiéter, tout au plus, sans résultat ? En revanche, j’ai trouvé encore une fois quelque chose de tout nouveau pour Parzival, quoique n’ayant pas encore lu votre livre.[1] Autrement je ne lis rien du tout, excepté l’Allgemeine Zeitung, que d’ailleurs je veux bientôt jeter de côté, pour tout de bon. Je n’ai de penchants déterminés pour quoi que ce soit. Cependant je veux lire Platon ; je l’ai feuilleté un peu et cela m’a fait du bien. On ne devrait entretenir de commerce qu’avec les esprits les plus nobles ; le reste est une déchéance, un dérivé mille fois affaibli de la source première. (Eh bien ! voilà du moins une bonne intention !)

Peut-être que Tausig viendra prochainement me voir : il est libre et en éprouve le désir.

Aujourd’hui j’ai travaillé un peu : je me trouvais dans la même situation qu’avant-hier. Qu’en dites-vous, la guerrière ? Moi, je suis tellement paisible que je ne fais même plus la guerre à ma propre personne !

Cependant il y a quelque chose de bon et de durable : mille remerciements pour vos sou-

  1. San Marte. Parzival, poëme chevaleresque de Wolfram d’Eschenbach, 1863 (2e édition parue en 1858). Comparer lettre suivante.
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