Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dire toujours que l’intelligence et la bonne volonté n’ont jamais la parole dans l’histoire et que la nature humaine n’en possède que juste assez pour que l’espèce ne s’éteigne pas, tandis que la bonne volonté et l’intelligence peuvent élever l’individu au-dessus de la vie, mais non l’assister dans la vie même. Combien d’espoirs maintenant encore ne seront-ils pas détruits ? Combien clairement le résultat de la guerre de ce jour ne montrera-t-il pas à l’esprit noble, qu’il n’a point à chercher sa délivrance dans la guerre, où chaque champ de bataille lui enseigne quel est le maître du monde. Et qui est-ce qui comprendra ? Une nouvelle génération arrive, et rien ne change. Ainsi, même à la vue du champ de bataille nous pouvons sourire de l’éternelle ironie que nous nous appliquons à nous-mêmes ! Mais cela conduit loin ! Abandonnons donc ce sujet pour aujourd’hui ! Il ne faut pas le prendre trop au sérieux non plus ! Toujours nous demeurons aveugles !

Mille salutations !

R. W.



80.

Lucerne, 23 Juin 59.

Merci beaucoup, mon amie ; mon travail marche admirablement et je me suis juré, si Dieu ne m’abandonne pas tout à fait, de ne venir chez vous, que lorsque je pourrai vous donner le portefeuille rouge avec le contenu complet.

— 214 —