Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/247

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éternellement à moi ;
mon héritage, mon bien ! » — etc.

Cela produira un effet incroyablement fier et joyeux. Ainsi je me trouvai transporté soudain en plein Siegfried. Est-ce que, alors, je n’aurais pas foi en ma vie, dans mon endurance ?

Le plaisir que vous avez trouvé à la lecture de Köppen (la Religion de Bouddha) me démontre que vous savez bien lire : beaucoup de choses dans ce livre m’indignaient, parce que je devais toujours songer combien difficile devait être rendue aux autres la vraie compréhension de la doctrine de Bouddha. Il est bon maintenant que vous ne soyiez pas induite en erreur. Oui, mon enfant, c’est bien là une philosophie, en comparaison de laquelle tout autre dogme doit paraître mesquin et borné ! Le philosophe avec ses vues les plus larges, le naturaliste avec ses expériences les plus étendues, l’artiste avec ses fantaisies les plus extravagantes, l’être humain avec le plus grand amour pour tout ce qui respire et qui souffre, découvrent l’infini en ce mythe de l’univers incomparablement splendide, et se retrouvent absolument, entièrement en lui. Dites-moi, comment vous est donc apparu notre beau monde moderne de l’Europe, pendant cette lecture ? Ne trouvez-vous pas qu’il représente ou bien la plus grossière sauvagerie,

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