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90.

Lucerne, 27 Août 59.

Je vous envoie Don Félix[1] qui jusqu’ici m’a tenu fidèlement compagnie. Il vous apporte le Schiller, dans lequel beaucoup de choses (comme vous pouvez le croire) m’ont bien ému et impressionné. Votre billet d’aujourd’hui était, il est vrai, fort malicieux ; mais il m’a néanmoins fait plaisir, puisqu’il prouvait votre bonne humeur. Je me sens, depuis quelques jours, passablement bien portant ; l’hôtelier de Brunnen m’a déclaré que jamais je n’avais eu si excellente mine. Un état d’esprit agréable, plein de confiance, me suggère des projets dont je vous donnerai peut-être bientôt à juger s’ils sont fous ou très naturels. Nous verrons. Don Félix prétend que le 3e acte de Tristan dépasse encore en beauté le 2e. Je vous prie de lui laver un peu la tête à ce propos. Supporterai-je chose pareille ?

Je n’ai pas de nouvelles du « monde » et suis encore au cœur de la « forêt ».[2] Là-dedans errent toutes espèces de Nibelungen, là sont endormies toutes sortes de Walkyries. En guise d’adieu, j’ai promis à Don Félix, ce matin, encore un peu de Wotan. Il vous dira le résultat.

Il vous faut vite adjoindre à la vache un agneau et, si possible, une chèvre aussi. Abso-

  1. Draeseke.
  2. Siegfried (III acte).
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