Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/84

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lointain qui maintenant m’est tout proche. Mille remerciements, créature inventive et charmante ! En nous taisant de la sorte, combien clairement nous nous disons ce qui nous est à ce point inexprimable ! —

26 Septembre.

Pour le moment, je ne puis même pas m’occuper de mon journal ; c’est vexant, ce que j’ai de lettres à écrire, bourrées de commissions et de tracas. Que je suis donc insensé ! Cet éternel souci de vivre — et, au fond, une telle aversion pour cette vie, qu’il me faut toujours et toujours arranger artificiellement, afin de ne point l’avoir devant les yeux dans toute sa repoussante horreur ! Qui saura jamais ce qu’il y a entre moi et la possibilité de la paix, enfin nécessaire pour mon travail ! Mais je veux tenir bon, car il le faut. Je ne m’appartiens pas et mes souffrances, mes angoisses, sont les moyens pour arriver à un but qui les défie de sa raillerie. Courage, courage ! il le faut ! —

29 Septembre.

En ce moment la lune décroissante apparaît tardivement. Lorsqu’elle était dans son plein, elle m’a procuré de belles consolations ; elle m’a baigné d’agréables sensations dont j’avais besoin ! Après le coucher du soleil, régulièrement, je voguais à sa rencontre en gondole,

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