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ACTE DEUXIÈME

Le théâtre représente l’intérieur du château d’Anvers. Au milieu le Palas, demeure des chevaliers ; à gauche la Kemenate, demeure des femmes. A droite la porte de l’église. Il fait nuit.


Scène PREMIÈRE

ORTRUDE, FRÉDÉRIC, couverts d’habits sombres et pauvres, sont assis sur les marches de l’église. Frédéric est absorbé dans une sombre rêverie. Ortrude regarde les fenêtres du château vivement éclairées. On entend dans le château une musique joyeuse.
FRÉDÉRIC, se levant tout à coup.
––––Allons ! debout ! compagne de ma honte,
––––Le jour qui nait, loin d’ici nous verra.
ORTRUDE, sans changer de position.
––––Je veux rester, le sort m’enchaîne là !
––––J’écoute encore, et dans ce chant qui monte
––––Ah ! laisse-moi puiser un noir poison
––––Par qui ta honte et leur bonheur s’achève.
FRÉDÉRIC, s’approchant d’Ortrude.
––––O femme sans pitié ! Quel noir démon
––––A toi m’enchaîne ?

(Avec une sombre violence.)

––––––Eh quoi ! n’aurai-je pas de trêve !
––––Je veux chercher bien loin, bien loin
––––Un long repos dont mon cœur a besoin !

(Avec emportement et douleur.)

––––––––Par toi sur ma mémoire
––––––––L’opprobre est répandu !
––––––––De mon ancienne gloire
––––––––Tout l’éclat est perdu !
––––––––Rangé parmi les traitres,