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- Que t’ai-je fait ? que t’ai-je fait ?
- Triste, sans un ami sur terre,
- Du sort, misérable jouet,
- Que t’ai-je fait ? que t’ai-je fait ?
ELSA.
- Grand Dieu ! Toi ! m’accuser ! pourquoi ?
- Quels maux t’ai-je causés, dis-moi ?
ORTRUDE.
- As-tu donc vu d’un œil d’envie
- L’hymen par qui je sus unie.
- A l’homme dédaigné par toi ?
ELSA.
- O Dieu puissant ! que veux-tu dire ?
ORTRUDE.
- Un jour, s’il put, dans son délire,
- Te reprocher un crime affreux,
- Son cœur, que le remords déchire,
- N’est-il pas assez malheureux ?
ELSA.
- O juste Dieu !
ORTRUDE.
- Tu vis heureuse !
- Après l’épreuve douloureuse,
- Tu peux, du haut de ta grandeur,
- Au loin, m’exilant sans clémence,
- Me faire cacher ma douleur,
- De peur que ma vive souffrance
- N’attriste encore-ton bonheur !
ELSA, très-émue.
- Seigneur ! serais-je digne encore
- Des biens dont tu comblas mes jours,
- Si l’infortune qui m’implore
- Demeurait seule et sans secours ?
- Non, certes, Ortrude, attends-moi,
- Moi-même j’accours près de toi.