Page:Wagner - Ma vie, vol. 3, 1850-1864.pdf/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

184
CONCERT CHEZ LES WESENDONCK

retiré. Sans nouvelles de leurs représentations, si ce n’est par les quelques tantièmes qu’elles me rapportaient, j’eus l’idée de mettre Rienzi en vente aussi. Il me paraissait avoir les qualités qu’exigeaient nos mauvais théâtres. Pour l’offrir avantageusement, une reprise à Dresde eût été désirable, mais on prétendit que 1 impression produite par l’attentat d’Orsini y mettait obstacle.

Je continuai donc l’instrumentation du premier acte de Tristan, tout en me disant qu’au moment donné on trouverait d’autres prétextes que ceux de la politique pour empêcher cette œuvre de se propager sur nos scènes allemandes. Je travaillais donc au hasard et, somme toute, sans espoir.

Au mois de mars, Mme Wesendonck me fit savoir que, pour célébrer l’anniversaire de naissance de son mari, elle avait l’intention d’organiser une sorte de concert dans leur villa. Cette idée lui avait été suggérée par une petite aubade que, dans le courant de l’hiver, j’avais, en bon voisin, arrangée avec l’aide de huit musiciens zurichois pour sa propre fête à elle. L’orgueil de la maison Wesendonck était un hall assez grand et très élégant, orné de stuc parisien. En passant, j’avais affirmé un jour que la musique n’y resonnerait sans doute pas mal et, à l’occasion de cette aubade, on en avait fait 1 essai en petit. On désirait maintenant en avoir la preuve en grand. Je m’offris de réunir un orchestre convenable et de lui faire jouer des fragments symphoniques de Beethoven, dont je choisirais les motifs les plus gais, en harmonie avec la soirée projetée. Les préparatifs prirent du temps ; la date de l’anniversaire fut dépassée et nous étions