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PERRIN. — FOUCHER DE CAREIL

quait par de perfides insinuations. Je ne voulus pas laisser impunie la vilaine conduite de cet ancien ami et lui répondis par une lettre que j’eus grand’peme a faire traduire en bon français et plus encore à faire paraître dans ce même journal. Cette lettre attira précisément de mon côté tous ceux qu’avait impressionnés ma musique. Parmi eux se trouvait un M. Perrin, autrefois directeur de l’Opéra-Comique et qui, après fortune faite, s’adonnait à la peinture et au bel esprit ; plus tard, il est cependant devenu directeur du Grand Opéra. Perrin avait entendu Lohengrin et Tannhäuser en Allemagne, et la manière dont il m’en parla me donna à espérer que, si l’occasion s’en présentait, il mettrait son point d’honneur à transplanter mes œuvres en France. C’est aussi par des représentations allemandes que le comte Foucher de Careil connaissait mes opéras. J’eus des relations excellentes et durables avec lui. Il s’était fait un nom par différents essais sur la philosophie allemande, spécialement par une édition des œuvres de Leibniz. Sa société me fit prendre contact avec un certain côté estimable de l’esprit français que je ne connaissais pas encore.

Je passe sous silence bien des relations superficielles que j’eus à cette époque, celle, par exemple, d’un comte russe Tolstoï, qui se distinguait avec avantage des autres. Mais je ne saurais oublier de noter le sentiment de profonde satisfaction que m’inspira le romancier Champfleury par une brochure extrêmement aimable qu’il écrivit sur moi et mes concerts. Quelques aphorismes au style léger prouvaient que l’auteur possédait de ma