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JE RETIRE MA PARTITION

Personne ne sut me renseigner sur la manière dont fut joué le troisième acte. Cela doit avoir ressemblé à une bataille dans une atmosphère de poudre.

Je priai mon ami Truinet de revenir le lendemain matin afin de rédiger avec moi une note à la direction ; j’y déclarais que je retirais ma partition parce que je ne pouvais plus souffrir que les chanteurs fussent insultés à ma place par certains spectateurs et sans que l’administration impériale trouvât le moyen de les protéger. Cette démarche ne découlait point de ma présomption, les quatrième et cinquième représentations étaient vraiment annoncées et l’administration me répondit qu’elle ne pouvait les supprimer ; elle avait des engagements envers le public, qui se pressait pour retenir les places. Mais dès le lendemain, je faisais, par l’entremise de Truinet, paraître ma lettre dans les Débats ; enfin, après de nouvelles hésitations, on consentit à me rendre mon ouvrage.

Ce dénouement amena aussi la fin d’un procès qu’Ollivier menait en mon nom contre M. Lindau. Celui-ci prétendait participer comme troisième collaborateur aux droits d’auteur du texte. Son avocat, maître Marie, basait la légitimité de sa réclamation sur un principe qu’on alléguait émis par moi, et d’après lequel j’avais dit que dans un texte, je ne tenais pas plus à l’harmonie du style qu’à la mélodie dans ma musique : l’exactitude littérale des mots me suffisait. Or, cette exactitude ni Roche ni Truinet n’avaient pu l’atteindre, puisqu’ils ne savaient pas l’allemand. Dans son plaidoyer, Ollivier s’indigna avec tant de passion contre cette assertion qu’on vit le moment où il chanterait l’Etoile du ber-