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ARRIVÉE À VIENNE

actif et me donna un coup de main. J’avais connu autrefois M. Stürmer à Zurich et depuis que je me trouvais à Paris, il n’avait cessé de me témoigner un intérêt loyal. Grâce à lui, je pus parer aux dépenses de ma maison et me mettre en route pour Vienne.

L’arrivée de Liszt à Paris était annoncée depuis longtemps déjà. Pendant la’période néfaste que je venais de traverser, j’avais bien souvent regretté qu’il ne fût pas là : par sa position de notabilité parisienne, il eût pu m’être extrêmement utile en m’aidant à sortir de ces difficultés inextricables. Je lui avais demandé pourquoi il tardait tant, mais sa réponse ambiguë m’avait paru ressembler à un haussement d’épaule. Cruelle ironie du sort ! j’appris qu’il viendrait à Paris peu de jours après que j’en serais reparti. Poussé par la nécessité qui me contraignait à nouer de nouveaux fils pour mon avenir, il me fallut quitter la France sans attendre l’arrivée de mon vieil ami.

Tout d’abord, je retournai à Carlsruhe et me présentai de nouveau chez le grand-duc, qui me reçut avec la même amabilité ; il m’accorda la permission de choisir les chanteurs qui me conviendraient à Vienne et de les faire venir à Carlsruhe pour une représentation modèle de Tristan. Je partis en conséquence pour Vienne, où je descendis à l’hôtel de « l’Archiduc Charles », attendant la réalisation de la promesse que le maître de chapelle Esser m’avait faite par lettre de représenter pour moi quelques-uns de mes opéras.

C’est alors que je vis pour la première fois Lohengrin sur la scène. Bien que la pièce fût au répertoire depuis