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JE VAIS À VIENNE AVEC FRÉDÉRIQUE MEYER

d’un gîte. Avec le docteur Schuler et Mathilde Maier je visitai les différents villages du Rhingau, mais comme le temps me manqua pour découvrir quelque chose de convenable, mes amis me promirent de continuer la campagne pour moi.

À Mayence, je retrouvai Frédérique Meyer. Sa position à Francfort devenait de plus en plus difficile ; elle m’approuva quand je lui racontai que j’avais renvoyé le régisseur que M. de Guaita m’avait adressé afin de me remettre quinze louis d’honoraires pour ma direction de Lohengrin. Elle-même, ayant complètement rompu avec ce monsieur, avait obtenu sa démission et était sur son départ pour Vienne où elle allait en tournée au « Burgtheater r. Sa conduite et sa décision lui gagnèrent toute ma sympathie : j’y voyais la preuve manifeste que tout ce qu’on avait dit d’elle était calomnie. Comme j’étais moi-même en route pour Vienne, elle fut heureuse de faire une partie du voyage avec moi. Elle s’arrêterait un jour à Nuremberg où je la prendrais pour continuer le trajet. Ainsi fut fait et nous arrivâmes ensemble à Vienne. Mon amie descendit à l’hôtel « Munsch » ; moi, demeurant fidèle au mien, je me rendis à l’« Impératrice-Élisabeth ». C’était le 15 novembre 1862. J’allai voir immédiatement le maître de chapelle Esser qui m’assura qu’on répétait assidûment Tristan.

Malheureusement mes rapports avec Frédérique furent mal interprétés par sa sœur, Mme Dustmann, et j’eus un différend pénible avec cette dernière. Impossible de lui faire comprendre le véritable état des choses ; la conduite de sa sœur, prétendait-elle, déshonorait sa