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rendue par les instruments d’une façon indépendante, un développement de plus en plus large, de l’enrichir, de l’étendre par degrés. Cette mélodie consistait uniquement dans le principe en une courte période de quatre mesures essentielles, qui étaient redoublées ou même multipliées ; lui donner une plus grande extension et arriver ainsi à une forme plus vaste, où l’harmonie puisse se déployer aussi avec plus de richesse, telle paraît avoir été la tendance fondamentale de nos maîtres. La forme spéciale de la fugue appliquée à la mélodie de danse, fournit l’occasion d’étendre aussi la durée du morceau ; elle permettait de faire alterner la mélodie dans toutes les voix, de la reproduire tantôt abrégée tantôt allongée, de la montrer tour à tour sous des aspects variés par la modulation harmonique, et de lui conserver, par des thèmes juxtaposés ou contrastés au moyen du contre-point, un mouvement intéressant. Un second procédé consista à combiner ensemble plusieurs mélodies de danse, à les faire alterner selon leur expression caractéristique, et à les relier par des transitions pour lesquelles l’art du contre-point fournit des ressources particulières. Sur cette base si simple s’éleva la symphonie proprement dite. Ce fut le génie de Haydn, qui donna pour la première fois à cette forme ses vastes proportions, et par l’inépuisable variété des motifs, liés et transformés de mille manières, porta sa puissance expressive à une hauteur encore inconnue. La mélodie italienne d’opéra avait dépéri par indigence de structure et de forme ; mais grâce aux chanteurs les mieux doués sous le rapport du talent et de l’âme, soutenue par le