Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/18

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Le Musée Wagner à Bayreuth serait évidemment un reliquaire digne de ce trésor, mais le culte des reliques, les fouilles faites dans la poussière à la recherche de quelques ossements morts, les collections d’autographes et d’objets touchés par des mains augustes ne sont guère de mon goût : ce ne serait là qu’un refuge. C’est dans la plénitude de la vie qu’agit et souffle l’esprit de ces maîtres qui, travaillant en créateurs, imprimant la forme en artistes, ont vaincu la mort et l’anéantissement. Leurs œuvres, qui appartiennent au monde, sont les propagateurs de leur grandeur.

J’ai laissé ces exhortations mûrir en moi : maintenant qu’arrivée à un âge avancé, je mets de l’ordre dans mes papiers, relisant et brûlant ce qui a été confié, non pas à d’autres, mais à moi seule, afin que, sous le sceau d’un consentement tacite, ces confidences meurent d’une noble mort, maintenant je fais recopier celles d’entre les lettres de Wagner qui se rapportent à quelque fait généralement connu ou à quelque phase caractéristique de sa vie ; de cette façon les originaux resteront en possession de ma famille, mais d’autres à leur tour pourront avoir part à ce qu’il y a de vraiment bon et partant de vraiment émouvant dans ces lettres.