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Plus tard, Wagner a accordé cette jouissance à un grand nombre d’auditeurs enthousiastes réunis dans la grande salle de l’hôtel Bauer, à Zurich ; l’œuvre était alors complète et comprenait le prologue de l’Or du Rhin.

Le dernier soir de la lecture à Mariafeld, j’eus le malheur de troubler la sérénité de Wagner en sortant de la chambre pendant qu’il lisait : mon petit garçon avait la fièvre et me demandait. Le lendemain matin, quand je reparus, Wagner fit observer que cela n’avait pourtant pas été un cas de mort et il ajouta que c’était infliger une dure critique à un auteur que s’esquiver ainsi ; il m’appela « Fricka ». Je ne protestai point contre le nom et la chose en resta là. Quelques jours après, nous partîmes pour Hambourg ; de là, mon mari se rendit à Paris. Ce ne fut qu’au printemps que nous revîmes notre foyer et nos amis.

En 1853, Wagner demeurait à Zurich, au Zeltweg, et Mme Minna, qui aimait à voir du monde, faisait avec grâce les honneurs de son joli intérieur. Liszt y fit une apparition. Il avait monté Lohengrin au théâtre de Weimar et Wagner n’avait pas encore eu le bonheur de voir son œuvre à la scène. Les deux amis s’embrassèrent avec efiusion et la journée s’écoula dans une joyeuse surexcitation. Mon