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§VII. ère d’espagne.

L’ère d’Espagne date du 1er janvier qui suivit la conquête de l’Espagne, achevée par Auguste l’an 716 de Rome, 39e avant J. C. Cette ère eut cours en Afrique, en Espagne et dans celles de nos provinces méridionales qui furent soumises aux Wisigoths. Depuis le ixe siècle, on y joignait quelquefois dans les dates les années de l’ère chrétienne. Quelquefois aussi on a confondu ces deux calculs. L’ère d’Espagne fut abolie dans la Catalogne en 1180, dans le royaume d’Aragon en 1350, dans celui de Valence en 1358, dans celui de Castille en 1393. L’an 39 de l’ère d’Espagne commence au 1er janvier de l’ère chrétienne, c’est-à-dire qu’il faut retrancher 38 d’une année quelconque de l’ère d’Espagne pour trouver l’année correspondante de l’ère chrétienne[1].

Il paraît que l’usage de l’ère d’Espagne cessa en Portugal dès le commencement du xiie siècle, sous le règne d’Alphonse Henriquez, fondateur de la monarchie portugaise. Quelques auteurs prétendent cependant que cette ère y fut employée jusqu’en 1415, ou même en 1422.

§VIII. ère de dioclétien et des martyrs.

Dioclétien, en montant sur le trône, donna son nom à une ère nouvelle, que ses persécutions contre l’église firent appeler ensuite ère des martyrs. Les années de cette ère sont réglées sur le calendrier égyptien. L’année égyptienne se composait autrefois de douze mois de trente jours chacun, à la suite desquels venaient cinq jours intercalaires, nommés épagomènes. La seizième année de l’ère julienne, les astronomes d’Alexandrie décidèrent que tous les quatre ans on ajouterait un sixième épagomène. On peut remarquer en passant que les divisions de ce calendrier répondent à celles de notre calendrier républicain, qui partageait l’année en douze mois de trente jours chacun, après lesquels venaient cinq ou six jours complémentaires. Comme l’année égyptienne commençait le 29 août de l’année julienne, le commencement de l’ère dioclétienne répond au 29 août de l’an 284 de l’ère chrétienne. Quand on lui substitua le nom d’ère des martyrs, on ne lui assigna pas un autre commencement, quoique l’édit de persécution lancé par Dioclétien date seulement de l’an 303.

Nous avons dit que le commencement de l’année dans l’ère des martyrs ré-

  1. Citons pour exemple un diplôme d’Alphonse VII, daté à la fois de l’ère d’Espagne et de l’ère chrétienne : Factum est autem hoc testamentum erá MCLXX, anno ab Incarnatione Domini MCXXXII. On voit qu’il y a 38 de différences entre ces nombres.